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Le Jour de Pierre
7 mai 2015

Financement des universités - le mauvais message

Tout va bien, il n’y a aucun problème et la situation économique française se redresse lentement… MAIS l’État va devoir faire quelques petites ponctions ici et là pour compenser les inévitables inégalités que le méchant capitalisme et le turbo-libéralisme ont introduites un peu partout au détriment du vivrensemble et du bonheur global. Et puisqu’il faut bien commencer quelque part, pourquoi pas par les Universités ? Vous allez voir, c’est très simple. L’affaire trainait depuis décembre, date à laquelle on découvrait, un peu étonné, que la loi de finances pour 2015 prévoyait une participation des établissements d’enseignement supérieur aux économies du pays à hauteur de 100 millions d’euros. Depuis, le ministère attendait un rapport des inspections générales sur la situation des établissements avant de prendre une décision. Rapidement, la participation aux économies du pays s’est transformée en autre chose d’un peu plus savoureux : pour boucler le financement des dotations 2015 versées à l’ensemble des établissements de l’enseignement supérieur, le gouvernement a décidé de prélever 100 millions dans le fonds que s’est constitué une cinquantaine de facultés économes. En pratique, cela veut dire que, par exemple, l’université d’Artois à Arras va « donner » 24 millions d’euros (soit un petit quart de la somme totale) patiemment mis de côté ces dernières années, ou que l’université de Lille II devra « se séparer » de 8,75 millions, pendant que Grenoble II devra « faire le deuil » de 6,68 millions, le tout au profit de quelques établissements qui remercieront, on en est sûr, leurs confrères de cette belle entraide spontanée. Concrètement, dans la joie, la bonne humeur et la fraternité financière bourgeonnante de ce joli printemps ensoleillé, 11 des 76 universités, 25 des 36 écoles d’ingénieurs et une dizaine de grands établissements verront leurs fonds de roulement mis à contribution. Pour faire passer la pilule, on appellera ça un « exercice de solidarité ». Et comme c’était des sommes mises de côté et pas du budget courant, rassurez-vous mes petits amis, c’est le ministère de l’Édulcoration Nationale et de l’Ensaignement supérieur qui l’affirme, d’abord cela n’affectera pas les projets d’investissement des établissements concernés, et ensuite, leurs réserves en fonds de roulement dépasseront encore 65 jours de fonctionnement, ce qui est amplement supérieur aux 30 jours décrétés suffisants par les élites du ministère. Tout va donc très bien d’autant qu’on apprend en parallèle que cette ponction inopinée se double d’une augmentation de 200 millions d’euros des dotations aux établissements d’enseignement supérieur. Encore une fois, la tempête d’austérité s’abat sur le service public et permet d’illustrer avec brio l’extraordinaire décontraction de nos gouvernants à tabasser les prévoyants et les économes pour donner aux impécunieux et autres dépensiers, en faisant passer ça pour une saine redistribution solidaire dans laquelle les « riches » donnent aux « pauvres ».

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